jeudi 7 février 2013

Qu’est-ce que le totalitarisme?

Qu'est-ce qu'un bourgeois? C'est quelqu'un qui préfère perdre l'amitié de quelqu'un qu'il estime pour ne pas risquer un froncement de sourcil de quelqu'un qu'il méprise.
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.. les prémices du fascisme ? Un exemple

Anecdote. Je vais depuis Harpagon la Rose, beau village occitan, à Sainte Gudule tout proche dans un magasin-atelier d’informatique au sujet d’un logiciel qui refuse tout service. Le patron, aimable, bonne tête, visiblement, ne sait pas trop comment fonctionne le truc et tâtonne longuement (mais ce n’est pas la question)..

Mais voilà qu'arrivent THE notables, un couple dont l’ordi est naze et qui veut en acheter un autre. Qu’ils passent devant moi, soit, je suis arrivée sans RV.. Mais ça dure.. un peu : visiblement, ils ont la vie devant eux et il est presque 7 h. "Celui-ci ?".. "Non je préfère..." dit Madame "100 E de plus, ce n’est pas la mort. J’ai des petits enfants qui…" (digression assez longuette sur lesdits si turbulents, exemples à l'appui, du coup, la dame, enchantée de sa prestation, un verre de jus de fruit renversé, pensez, se colle devant mon ordi -je lui demande hypocritement de se pousser "excusez-moi".. "je vous en prie"- pour tenter de me débrouiller moi-même avec la réparation interrompue.) Ça dure encore, un autre truc leur semble nécessaire parce que etc, autres exemples à l'appui… (Qui dira que c’est la crise ?) Le patron ravi relance, rit quand il faut, plaisante à son tour, prêt à toute psychothérapie. Il est clair que le public que je figure avec un autre pauvre gus mal mis qui attend à la porte n’est pas pour rien dans la petite pièce qu'ils nous offrent, ils ont tous les droits, même de se marrer longuement pendant que des visiblement emmerdés-pressés qui ne comptent pas attendent la simple manip qui résoudra peut-être leur bug... voire même leur bécane réparée.

Je bricole mais rien à faire, le seul résultat des divers essais tentés tout à l'heure par le patron est d'avoir viré mon antivirus, pas moyen de le rétablir, je renonce; je demande du feu pour aller fumer dehors en attendant qu'ils aient terminé leur impro, ils n’en ont pas -et semblent un peu choqués d'être interrompus dans une envolée- ni le patron, mais un jeune employé que je n’avais pas vu, si. Mais je le connais ! la veille nous avions parlé longuement de l'affaire de Michelle (lien) ou plus exactement des égouts de Clochemerde (un village juste à coté) qui se déversent à la rivière (lien avec la vidéo) et il s’était montré assez virulent dans sa critique des instances responsables contre lesquelles elle ferraille en ce moment (car avant d’atteindre la rivière, lesdits débordent chez elle... ce qui lui a causé un malaise grave) nous livrant même quelques détails inconnus de nous sur la manière dont ont été effectués les "travaux" de "raccordement" (!) 

Le voilà qui en profite aussi pour aller cloper avec moi dehors et m’expliquer en 5 secondes comment télécharger une vidéo sans passer par le logiciel naze, super, je crois que je vais pouvoir m’en aller aussi sec.. Dedans, on étale toujours.. avec un peu de dépit sans doute car il n’y a plus de public pour s'ébaudir sauf le type résigné à la porte. Tout ce qui pourrait être dit en 4 minutes ici prend une demi heure; et plus on "compte", plus on se répand. En somme, plus on fait chier et plus on se positionne, c'est le Midi. 

J'exécute sous son contrôle la manip, problème réglé, sur ce coup, il a été parfait.. et lui explique (suite logique de notre conversation de la veille) que nous avons peut-être trouvé la cause du malaise de Michelle : les raticides (lien) déversés en quantité dans les égouts, s’il veut je lui enverrai l’article, qu'il me donne son mail. Gaffe affreuse, je suis encore parisienne et n'ai toujours pas réussi à devenir vraiment d'ici, pourtant ma région - à demi-.

Le voilà soudain visiblement mal à l’aise qui botte en touche, et, si disert l’instant d’avant (et surtout la veille) qui en devient presque grossier "il n’a pas le temps, il a du boulot, il lui tarde de rentrer chez lui.. etc.." Il a peur, c’est sûr. De quoi ? Je ne le saurai jamais, peu importe. De son patron ? Des notables ? Du type stoïque devant la porte qui ne dit mot ? D'un autre employé jeune et sympa d’allure (mais on en est toujours à l’allure ; même THE notables rigolards avaient aussi une assez bonne bouille..) ?

Soudain je ne suis plus, mais alors plus du tout! persona grata ; je paie et file, estomaquée, avec l’impression d’être une pute rencontrée dans un bordel qui a eu le front de mentionner en public cet épisode peu glorieux devant le quidam qui l'a fréquentée, le marquant ainsi à jamais du sceau d'infamie. Le totalitarisme, c’est cela : un jeune type qui n’ose faire état en public d’un "engagement dissident" (!!) si évident soit-il [car ces égouts, on les VOIT se déverser, il n'y a pas ici de secret d'état, juste une omerda identique à celle d'une famille où tous prétendent que le mal au foie du père provient d'un steak quand ils VOIENT bien qu'il picole sec]... Motus, y compris devant celle à qui il s’en était ouvert ; il craint tant la promiscuité avec celle-qui-sent-le-soufre qu'il se croit obligé de la congédier vite et fort, attitude résolument inverse de celle qu'il avait adoptée la veille [où il s'était introduit de lui même dans une conversation à trois pour y participer aimablement.. et fortement!] Ça arrive tout le temps, ça m'arrive tout le temps. Le totalitarisme, c'est cela. La peur.

Est-ce un petit arriviste (si l’on peut dire !) qui cherche à se placer ? [Se placer où ? partout. Un écrivain -que je suis- peut être utile, était-ce le sens de son attitude la veille? Mais un élu aussi et de toutes manières il ne faut en aucun cas désobliger de tels personnages.] Ou pire, un provocateur qui a juste voulu nous écouter et me/nous faire parler ? Un crypto militant ? Est-on à l'époque de de la chasse aux sorcières de Mac Carthy? La veille, j’avais eu une seconde de flottement, je savais le connaitre mais d'où ? et s'en était suivi un sentiment instinctif, fugace, impalpable,* de malaise.. puis j’avais laissé filer. Pas de parano. Le fait est:  lui m'avait surement reconnue sans rien m'en dire, c'était "cela" que j'avais senti confusément.. et je songe soudain qu'ils ont eu en mains mon ordinateur durant tout une journée... 

Le totalitarisme n'est pas le bruit des bottes, c’est au quotidien ces minimes rebuffades que je reçois souvent en public associées parfois en tête à tête à de la gentillesse sincère voire de la flagornerie [ou à des propos laudatifs dont on sait qu'ils me seront rapportés, je serais par exemple "formidable" (!)] .. le totalitarisme, ce sont ces gens qui ont peur (pas forcément des idiots, en ce cas du moins) de ceux qui pèsent sur eux sans même avoir à lever le ton, à se montrer... en apparence aimables et en fait parfaitement odieux.. (peur le plus souvent pour rien).. et ce qui s'ensuit, la défiance de tous envers tous même lors de conversations légères, à bâtons rompus, en faisant la queue chez le boulanger, au sein d'une famille ou d'un groupe amical "soudé". Méfiance. Peur. [De même, juste après ma grève de la faim, au cours d'une réunion publique, Annie fit-elle mine de se scandaliser parce que mon chien -qui la connait bien, forcément, nous sommes voisines- était venu la "saluer", lui non plus n'avait pas compris les codes.. Annie qui venait chez moi sans prévenir tout le temps -notons que cet éclat eut lieu juste après l'arrivée dans la salle d'un "important" contre lequel j'avais ferraillé-.] L'anticonformisme? La solidarité? Parfois de simple forme, des professions de foi larmoyantes -les femmes-; assertoriques voire tonitruantes -les hommes- ou faussement détachées ["moi je me moque de ce que les gens pensent de moi, mais alors à un point.."] qui n'engagent à rien. Sitôt dit, sitôt de retour au club conviver avec ceux-là même qu'on vient de dézinguer.

Difficile de faire autrement car parfois celui que vous avez aidé (raison pour laquelle vous êtes dans le collimateur de ses exploiteurs) va s'inscrire contre vous si l'occasion se présente (et ils vont s'arranger pour qu'elle se présente).. justement parce qu'il est faible (ce pourquoi il a eu besoin d'aide!) donc facilement manipulable. (Il se peut aussi qu'il ne s'en rende même pas compte.) Ça tourne rond. Cercle vicieux: c'est cela le totalitarisme.

* J'avais cru détecter un "pseudo" [ainsi nommait-on autrefois dans les groupes militants ceux qui jouent -et, s'ils sont malhabiles, surjouent- un personnage "hard" qui leur semble idoine pour frimer, ferrer des filles -ou s'infiltrer-, en fait à rebours de leur être véritable. On les détecte souvent à l'exagération de leurs propos, à leur maximalisme théâtral ou à leur mode de vie et relations amicales qui ne "collent" pas.] Est-ce le cas? ce n'est même pas certain; peut-être y a-t-il d'autres tenants et aboutissants, ici il y en a toujours. J'apprendrai ensuite en effet que la boîte a travaillé autrefois pour Clochemerde -peut-être même encore ou bien ils voudraient obtenir le marché?-  pour la maintenance de ses ordi. Le cercle est bouclé. Malgré la beauté du coucher du soleil sur la route, ce soir, Paris me manque.

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